Destination impossible
Voici deux semaines qu’on est arrivé au Mali. Les aventures vont bon train.
Nous sommes retombés en panne, après seulement 500 km de goudron et 15 km de piste pour nous rendre au Parc du Baoulé… La soudure réalisée sur la pompe à huile n’a pas tenu.
Rebelote donc, le moteur est en vrac, ça a manqué d’huile partout là-dedans. La bonne nouvelle c’est qu’on sait ce qu’il nous faut :
-1. Un gros camion pour nous tracter jusqu’à Kolokani la grosse ville du coin.
-2. Un bon mécanicien pour réparer.
Nous voici à nouveau dans la brousse en attente d’un remorquage. Il a fallu à peine trois heures entre la panne et la première étape. C’était presque trop rapide pour nous... On s’imaginait déjà passer plusieurs jours dans la brousse. C’est qu’on commence à s’habituer ! Le deuxième remorquage de nuit a été aussi impressionnant que le premier, sur des pistes poussiéreuses, à ne rien voir et juste avoir le frein à main pour freiner.
Arrivés de nuit à un garage de Kolokani, notre appréhension était grande. Va t’on pouvoir réparer le camion ? Le mécanicien est-il plus sérieux que ceux qui nous avaient fait la réparation à Kayes ? Tonton Diallo, notre mécano, est confiant : le camion roulera bientôt et il a l’air doué. En fait, c’est peu dire, il est vraiment trop fort et connaît toutes les réparations « système D de la brousse » comme il dit. Cette fois il a fallu tout démonter : le vilebrequin à rectifier et tout ce qui va avec, quand un moteur a beaucoup manqué d’huile…
Notre moteur entièrement vide et tonton Diallo notre mécano qui nous a accueilli dans sa famille durant presque une semaine, un homme extra.
Le bon côté de la chose c’est que l’on progresse à une vitesse fulgurante en mécanique. Et surtout on fait des rencontres qui marquent à jamais nos esprits. En effet, nous avons atterri dans une petite famille (moins d’une dizaine de personnes) plus qu’adorable. Pendant que les gars et nico bricolaient, les filles et vaness papotaient en préparant le repas. Des grands moments de bonheur. De cette panne, on retiendra surtout ces gens qui nous ont appris nos premiers mots de bambara et un peu de la culture Malienne.
Après 5 jours chez Tonton, le camion s’est de nouveau mis à ronronner. 5 jours étant le temps nécessaire pour démonter le moteur, commander les pièces, attendre qu’elles arrivent de Bamako, savourer un jour férié et remonter le moteur !
Ceci nous a laissé le temps de la réflexion. La décision de vendre le camion au Mali est prise. En effet, c’est maintenant un moteur semi-Africain. Même s’il est à nouveau clean, on est un peu fatigué des pannes et réparations et si on rentre en France avec, pour qu’il soit homologable, faudrait vraiment refaire pas mal de choses. Il sera donc surement mieux ici, et mine de rien peut-être plus utile en tant que bus à Bamako par exemple… Cependant, nous continuons le voyage avec et dans un bon mois nous le vendrons, juste avant de rentrer.
Une autre décision a été de s’interdire de prendre les pistes Malienne, ou tout du moins, de les limiter au maximum. En effet, le Mali est un pays magnifique, collinéen mais plein de cailloux. Ainsi, lorsque l’on souhaitera aller en brousse maintenant, on prendra le bus ou transport public (gros camion Mercédès rehaussé qui eux passent davantage partout). La recherche des chauves-souris sera un peu plus compliquée et le voyage un peu plus pimenté.
C’est donc reparti pour l’aventure ! Notre objectif est de nous rendre à Missira (la base scientifique du parc de Baoulé). Il y a 60 kilomètres de pistes. Comment s’y rendre ? Plusieurs solutions s’offrent à nous. Les motos ne sont pas envisageables car trop d’affaires, les charrettes ne se rendent pas si loin, dommage. Reste les quelques voitures qui s’aventurent là-bas et les bus. Sacs sur le dos, on tente une première fois le stop sans succès. Les voitures sont beaucoup plus rares que ce qu’on imaginait. On se rend à la gare routière pour savoir quand passe le bus. A priori dans 2 jours il y a un bus. Ceci nous laisse le temps de réaliser notre seconde capture de chauves-souris. Il faut se remettre dans le bain. Nous sommes à 7 espèces en 2 soirées capture, génial ! C’est vraiment un bon présage pour les futures recherches.
Des rhinolophes, des molossidés et le grand retour des frugivores ! On n’en avait pas attrapé une seule en Mauritanie !
Et en prime une chouette effraie dans les filets.
Une photo de paysage, le lac de Oueina et de jolis oiseaux rencontrés ces derniers jours.
Le 25 nous voici enfin dans le bus pour Missira. C’est le jour où le Directeur du parc et le Ministre de l’environnement arrivent. Il est important pour nous de les rencontrer. En effet, ils sont à l’origine de notre autorisation de recherche au Mali. Ils réalisent une visite de routine dans le Parc et sont en brousse depuis 4 jours.
Voici la délégation à visiter un des bâtiments des eaux et forêts abandonnés, dans lequel il y avait d’ailleurs des rhinolophes.
On a pu sympathiser avec plusieurs personnes de l’administration malienne et nous avons assisté à une réunion entre le Parc er les villageois très intéressante. Ce Parc est immense et couvre plus de 10 000 km carrés !
Le Parc ayant des moyens logistiques qui sont ce qu’ils sont, et nous n’ayant pas de véhicule, on s’est rendu compte qu’il allait être difficile, voir impossible de réaliser des captures en pleine brousse du Baoulé. Il y a la question de la sécurité aussi : on pourrait se faire manger par des lions ! Donc pas le droit de faire des captures au sein du Parc. Par contre, il existe de grandes grottes abritant beaucoup de chauves-souris. Mais après avoir discuté avec les responsables, on s’est convaincu qu’il était mieux de partir du Baoulé, aller à Bamako et établir un programme plus précis avec le directeur du Parc, Bourama Niagate.
Vu la complexité et l’immensité de cette zone, nous allons peut-être l’écarter et juste y retourner voir les quelques grottes à prospecter. Nous concentrerons davantage d’efforts sur l’autre Parc, celui de Bafing, où nous passerons du temps d’ici un petit mois.
Nous sommes désormais à Bamako, la plus belle des capitales africaines vues, selon nous. Nous réalisons les quelques affaires que nous avons à y faire : monnaie, établir le programme d’étude dans les parcs, peut-être rencontrer des journalistes maliens. Nous sommes actuellement héberger chez un journaliste d’Etat, que l’on a rencontré dans le Baoulé lors de la visite du Ministre. On est dans un quartier de Bamako où des bars sympas abondent.
On va rester dans la grande ville encore un jour ou deux. Ensuite, on va partir du 1er au 4 dans la ville de Ségou où il va y avoir le festival du fleuve Niger avec de nombreux artistes. Il y a des grottes pas loin de Ségou, on profitera des journées pour les visiter. Le programme ensuite est loin d’être très défini. On va retrouver les copains de l’ACROLA à Ségou normalement. Nous verrons, en fonction de ce qu’ils font et où ils vont chercher les oiseaux, si on les accompagne durant un temps. Ensuite, nous allons passer pas mal de temps dans la région sud du Mali, la région de Sikasso qui est la plus verdoyante et probablement diversifiée en espèces de chauves-souris. Il y a en plus plein de grottes à chauves-souris…
Voila le programme des prochains temps. On est reparti avec titine plus « neuve » que jamais, à l’assaut des nuits de capture chiro endiablées et des mystérieuses grottes maliennes.
A très bientôt, bien à vous tous !