Mali, nous voici enfin parés !
Que d’aventures depuis notre dernier message. On a envie de commencer par les péripéties lourdes de conséquences des derniers jours mais on vous laisse la « surprise », pour la fin du message.
Nous voici de nouveau tous les deux en mode chauve-souris, depuis le 6 janvier. La prospection vers Boghé (Mauritanie), avec les copains de l’association ACROLA, s’est terminée en beauté puisque nous avons trouvé un ACROLA (Phragmite aquatique). C’est le passereau le plus en danger d’Europe qui vient passer l’hiver en Afrique de l’Ouest et jusqu’alors, il n’y avait qu’un seul endroit connu pour son hivernage, au Sénégal. Mais nous laissons le soin à l’équipe de bagueurs, sur leur blog, d’expliquer plus amplement l’intérêt de cette découverte. L’équipe de démailleurs au travail dans la scirpaie où l’ACROLA a été trouvé.
Nous avons ensuite continué à longer le fleuve Sénégal pour s’arrêter dans des milieux propices aux chauves-souris. Ce n’est pas une mince affaire. En effet, du côté Sénégalais la végétation est luxuriante, les manguiers et les palmiers se chamaillent. Du côté Mauritanien, il n’en est pas de même. Il est rare de trouver des arbres qui dépassent le mètre de hauteur.
Nos recherches n’ont pas été vaines puisque nous sommes tombés sur une magnifique forêt bordant le fleuve.
En plus de cela elle est à deux pas de la route goudronnée, sur une piste plus que praticable avec le C25. En effet un des facteurs limitants de nos investigations a été, est et sera sans aucun doute la qualité des pistes. Lorsqu’une route goudronnée digne des routes européennes s’offre à nous, il est souvent difficile de la quitter. Mais le goût de l’aventure reprend vite le dessus et est souvent récompensé. La preuve en est cette forêt. Une seule chauve-souris de capturée cette nuit là. Mais c’était sans compter sur la présence d’une bande de singe. Juste magique, des callitriches, singes verts en pagaille ! Grande découverte pour nous et petite découverte pour la science. En effet, la présence de cette espèce était supposée le long du fleuve Sénégal côté mauritanien mais n’avait (d’après les documents à notre disposition) jamais était observée par des scientifiques. Les villageois eux savent depuis longtemps qu’ils sont là.
Des étoiles plein les yeux, nous sommes repartis à la recherche de nos chauves-souris bien aimées. La visite d’un ancien abattoir abandonné le long du fleuve à Kaedi, nous a permis de trouver une colonie de 200 Asellia tridens et Rhinopoma cystops (pour les intimes). Deux espèces que nous n’avions encore jamais vues depuis notre départ. Elles sont toutes deux caractéristiques. L’une avec son trident sur le nez porte bien son nom. L’autre avec sa queue plus longue que son corps est assez simple de détermination.
Pas de soirée chauve-souris ces derniers jours, on a eu d’autres chats à fouetter. Les contrôles de polices, de gendarmeries et de douanes sont plus que fréquents. Tous les 30 kilomètres (si ce n’est pas moins), on nous demandait une petite fiche de renseignements avec nom, prénom, numéro de passeport, d’où on vient et où l’on va. On nous demandait aussi d’aller dormir à un poste de police, pour la sécurité… Pas facile pour le travail !
La route jusqu’a Sélibaby s’est bien passée, juste un ensablement. Nous y avons retrouvé nos amis les baobabs et les dromadaires.
Après ce fut une autre paire de manche. Il nous a fallu 4 jours pour effectuer 150 km. La piste est inqualifiable pour des toubabs.
Premier étape : prendre la bonne piste. Après un ensablement bien géré (il s’en est fallu de peu pour qu’on passe plusieurs jours dans un marigot a sec), on rebrousse chemin. La solution envisagée est d’attendre qu’une voiture passe (un 4*4 bien souvent) pour la suivre et ne plus se perdre. Le premier 4*4 va trop vite (ou nous trop lentement). De nouveau seuls nous nous sommes ensablés une seconde fois dans un des nombreux marigots à secs mais sur la bonne route. Il suffit donc d’attendre qu’un 4*4 bien rempli passe par là pour nous tirer. C’est bon, on est à la frontière Malienne. Il nous a fallu 5 heures pour parcourir 65 kilomètres. Voici un très joli ensablement ainsi que le 4*4 sauveur et tous ses passagers.
Le lendemain on passe la frontière Malienne sans problème malgré un marigot plus que douteux à traverser : le C25 a fait trempette… La frontière entre ces deux pays est un no man’s land, rallié par un superbe pont.
Une fois côté malien, l’espoir d’une meilleure piste s’amenuise et la survie du camion aussi. Ce qui arriva devait arriver. Le camion est immobilisé à 30 km de la grande ville grande ville qu’on devait rallier côté malien (Kayes) suite au passage d’un marigot un peu trop profond. Le carter est méchamment touché en tapant un méchant caillou.
Après 2 jours dans la brousse (ouioui il n’y passait pas beaucoup de véhicule), le verdict tombe : il faut amener le camion à Kayes pour le réparer. Un coussinet de bielle, pompe à huile et un vilebrequin en vrac. Les amateurs de mécanique sauront apprécier. En gros, faut démonter le moteur dans ses entrailles. Mais il n’y a pas de problème que des solutions, « bon … c’est pas grave mais un peu quand même » ce qui signifie que c’est réparable d’après le garagiste. Il nous faut maintenant trouver un gros camion pour nous tracter sur cette route chaotique jusqu’à Kayes. Encore 5 heures d’attente et c’est bon.
Cependant, ce n’est pas certain que le camion arrive sans plus de dégâts. En effet, rouler de nuit durant 2 bonnes heures avec le seul frein a main comme moyen de freinage et une corde de 5m de long, quand un poids lourd te tire… Mais tout est possible en Afrique. On est arrivé à Kayes sans souci, youpi.
Le tout a ensuite été d’être patient. Deux jours de réparation « à l’africaine » pour faire le changement de toutes ces pièces ainsi qu’une « remise à neuf » du démarreur, à aller de garage en garage trouver les pièces. En tout, tractage du véhicule, achat de pièces et main d’œuvre compris, on en a eu pour l’équivalent de 130 euros. Certes, ça représente une certaine somme en Afrique mais en France pour la même chose, soit tu changes le véhicule, soit tu en as pour très cher. Ces derniers jours sont inoubliables. Après un gros doute concernant la poursuite du voyage avec titine, elle est finalement en super forme. Reste à retrouver le goût de l’aventure et du voyage et on repart de plus belle à l’assaut notamment du Parc de la grande Boucle de Baoulé, à une centaine de kilomètres de Bamako.
Pour ne pas vous laisser sur une image de C25 mal en point, voici une photo prise de l’ancien pont de la ville de Kayes de Vanessa à la lessive et de titine, après un nettoyage complet du véhicule comme font tous les africains ici.
On the road again !
Bien du bonheur !